CARDIOVASCULAR JOURNAL OF AFRICA • Volume 30, No 2, March/April 2019
AFRICA
e5
élevé allant de 18 à 90%. Le tableau 4 résume l’ensemble des
facteurs de mauvais pronostics retrouvés.
Discussion
Dans notre travail, l’insuffisance circulatoire aiguë avait une
prévalence globale de 4%. Cette prévalence était légèrement
inférieure à celle retrouvée par Djibril
et al.
(6.6%).
3
La cause de l’insuffisance circulatoire aigue était cardiogénique
pure dans 66% des cas. Cette prévalence est largement supérieure
à celle rapportée dans la littérature qui varie de 32 à 37.8%.
3,4
Cette différence pourrait être expliquée par le fait que notre
population d’étude ait été uniquement recrutée en cardiologie.
Dans notre série, la cardiomyopathie dilatée décompensée
était responsable de la majeure partie des états de chocs
cardiogéniques dans 44% des cas suivi de l’infarctus du myocarde
(19%). L’IDM antérieur étendu était responsable de 41% des
chocs cardiogéniques dans la série de Djibril
et al
.
3
Cette
différence pourrait s’expliquer par le développement récent de la
coronarographie et l’amélioration de la prise en charge des IDM
en phase aigue au Sénégal. Cependant, la prise en charge de
l’insuffisance cardiaque dans notre contexte d’exercice souffre du
manque de moyens financiers des patients, de la difficulté d’accès
au structures sanitaires dans certaines régions et d’une éducation
thérapeutique bien souvent rudimentaire. Tous ces facteurs
contribuent à une fréquence et une gravité plus importante des
épisodes de décompensation cardiaque.
Le choc septique est une urgence médicale souvent fréquente
en réanimation, variable selon les pays (10 à 12% des admissions
en réanimation en Italie, 10 à 13% au Etats-Unis, et 9 à 15%
en France entre 1995 et 2000).
5-7
Il était retrouvé chez 25%
de nos patients. Il était associé aux insuffisances circulatoires
aiguës cardiogéniques chez 10 patients (22%). Cette association
a également été rapportée par l’étude tunisienne de Bahloul,
où elle était retrouvée dans 13% des cas.
4
La porte d’entrée
infectieuse était principalement pulmonaire dans 82% des cas.
Ce constat est le même dans les études de Bahloul et de Djibril.
3,4
La dobutamine était le tonicardiaque le plus utilisé dans
79.5% des cas, suivi de l’adrénaline (18.2%) et de la noradrénaline
(4.5%). Le choix de la catécholamine à utiliser chez les patients
de réanimation a toujours été un sujet de controverse.
4
Même
les nouveaux consensus et les nouvelles recommandations
des experts
7,8
n’ont pas pu trancher sur la supériorité d’une
molécule par rapport à l’autre. Le traitement de l’état de choc
cardiogénique se base sur le traitement de l’étiologie et la
prescription de catécholamines.
9
Dans ce cadre, la dobutamine
représente la catécholamine de choix. A des doses de 5 à 15 Ìg/
kg/min, elle améliore la contractilité myocardique avec des effets
chronotropes et arythmogènes faibles.
9
D’un autre coté, lorsque
la dobutamine est utilisée à long terme, une désensibilisation
des‚-récepteurs peut apparaître et aboutir à une diminution de
l’efficacité du traitement de l’ordre de 50% ce qui peut nécessiter
l’association d’une autre catécholamine.
9
L’âge (
>
75 ans), la présence de signes cliniques d’état de
choc à l’admission avec signes de souffrance multiviscérale
(cérébrale, rénale) ainsi qu’une altération significative de la
fonction VG (FEVG
<
28%) sont associés à un taux de mortalité
intrahospitalière à 30 jours élevé allant de 22 à 88% selon la
sévérité du score.
10
L’altération de la conscience et l’existence
d’une insuffisance rénale étaient grevées d’une lourde mortalité
hospitalière au cours de l’ICA cardiogénique (66%) dans notre
étude. Cependant, malgré ces pourcentages élevés, aucun lien
statistiquement significatif n’a été retrouvé entre ces différents
facteurs et la mortalité. Cela pourrait être dû au fait que, dans
la majorité des cas, les patients décédés présentaient à la fois
plusieurs facteurs prédictifs de mortalité.
Malgré des progrès thérapeutiques réalisés ces dernières
décennies, la mortalité globale des patients en insuffisance
circulatoire aiguë cardiogénique reste très élevée (40 à 70%).
11,12
Nous avions retrouvé une mortalité hospitalière des insuffisances
circulatoires aiguës cardiogéniques de 50%.
Le taux de mortalité du choc septique reste proche de
50%, en dépit des progrès réalisés, tant dans le domaine de
l’antibiothérapie que de la prise en charge des dysfonctions
et défaillances viscérales.
2
Dellinger
et al
. rapportent un taux
de mortalité à 30 jours de 35 à 50 % dans le choc septique.
7
Dans notre série, 80% des patients admis en choc septique
sont décédés. Ce taux de mortalité particulièrement élevé rend
compte de l’insuffisance du plateau technique pour les bilans
complémentaires notamment bactériologiques, aux problèmes
financiers et à l’absence de prise en charge précoce.
Conclusion
L’insuffisance circulatoire aigue constitue une urgence
diagnostique et thérapeutique. Elle reste grevé d’une lourde
mortalité en dépit des progrès thérapeutiques accomplis. L’âge
avancé, l’insuffisance rénale et l’altération sévère de la FEVG
étaient associés à un plus mauvais pronostic.
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Tableau 4. Facteurs de mauvais pronostic
Facteurs
Mortalité
hospitalière
Mortalité
globale
Effectifs %
p
Effectifs %
Age av
ancé (
>
75 ans)
4
9 0.1
6
18
ICA à l’admission
6 13 0.22
9
28
Conscience altérée
6 13 0.13
7
22
Défaillance cardiaque
18 41 0.2
24
75
Oligoanurie
21 47 0.10 29
90
Insuffisance rénale
10 22 0.6
12
37
Altération sévère de la FEVG (
<
30%)
19 43 0.06 24
75