CARDIOVASCULAR JOURNAL OF AFRICA • Volume 27, No 4, July/August 2016
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AFRICA
Resultats
L’enquête a été autorisée par huit établissements sanitaires. Il y
avait trois centres publiques, trois centres privés et deux centres
confessionnels. Les médecins généralistes présents et recensés
étaient au nombre de 41. L’âge moyen des médecins était de 35.8
±
9.6 ans avec les extrêmes de 24 à 66ans. Il y avait 28 (68.3%)
hommes. En ce qui concerne l’expérience professionnelle, 20
(48.8%) médecins exerçaient depuis moins de cinq ans; 13
(31.7%) avaient une ancienneté entre 5 et 10 ans et 8 (19.5%)
depuis au moins 10 ans.
Connaissances des définition et classification de
l’hypertension artérielle
Près de la moitié des généralistes (48.8%) ne connaissaient pas
la définition exacte de l’HTA et 14 (34.1%) ne pouvaient pas
donner les seuils de pression artérielle systolique (PAS) et de
pression artérielle diastolique définissant l’HTA. Seulement 25
généralistes (61.0%) pouvaient décrire les conditions de mesure
de la pression artérielle. Presque tous les généralistes (95.1%)
ignoraient la classification de l’HTA selon JNC 7.
Connaissances des evaluation de l’hypertendu
Concernant le bilan minimum de l’organisation mondiale de la
santé (OMS), 10 généralistes (24.4%) étaient incapables de lister
la moitié des examens constituant ce bilan. Un seul médecin
(2.4%) a pu lister tous les examens de ce bilan. Le tableau 3
présente la proportion de médecins connaissant chacun des
examens du bilan minimum de l’OMS.
Au moins 26.8% des médecins généralistes ne connaissaient
aucun critère de gravité de l’HTA. Selon le facteur de gravité
énuméré par ces médecins, on pouvait les répartir comme suit:
(30) 73.2% pour la sévérité des chiffres tensionnels (TAS
≥
180 mmHg ou TAD
≥
110 mmHg), 25 (61%) pour l’existence
d’atteinte d’organes cibles, 10 (24.4%) pour l’existence de
complication cardiaque, 10 (24.4%) pour l’existence de maladie
rénale, six (14.6%) pour l’accumulation d’au moins trois facteurs
de risque cardiovasculaire et quatre (9.8%) pour l’existence d’un
diabète associé. Aucun généraliste ne reconnaissant le syndrome
métabolique comme critère de gravité de l’HTA. La majorité
des généralistes (92.7%) ne connaissaient pas la notion de risque
cardiovasculaire global.
Connaissances des traitements de l’hypertension
artérielle
Chez un hypertendu traité, l’objectif tensionnel (TA
≤
140/90
mmHg) n’était connu que par 18 (43.9%) médecins. Encore
moins de généralistes (17.1%) savaient que le traitement de
l’HTA visait non seulement la baisse des chiffres tensionnels
mais aussi la réduction du risque cardiovasculaire global et la
prévention des accidents/maladies cardiovasculaires.
Un médecin généraliste sur 10 (9.8%) ne connaissait
aucune mesure hygiéno-diététique spécifique à recommander
à un hypertendu. La plupart des médecins savaient qu’il
fallait recommander un régime pauvre en sel (90.2%), la
consommation d’une alimentation pauvre en graisse (85.4%) et
la pratique d’une activité physique régulière (85.4%). Par contre
peu de médecins savaient que la réduction pondérale (4.9%),
l’arrêt du tabac (29.3%) et la réduction de la consommation
d’alcool (39%) faisant partie des conseils d’hygiène à donner à
un hypertendu.
Les éléments de surveillance du traitement antihypertenseur
cités par les médecins généralistes étaient les chiffres tensionnels
(92.1%), la survenue de complications de l’HTA (34.1%) et les
effets secondaires du traitement (15.6%).
Évaluation des attitudes et pratiques des généralistes
face à l’HTA
A l’examen physique de l’hypertendu, les gestes réalisés
systématiquement par les médecins généralistes étaient la
recherche d’anomalies auscultatoires cardiaques et vasculaires
(90.2%), la palpation des pouls périphériques (39%) et le calcul
de l’indice de masse corporelle (7.9%). Aucun médecin ne
mesurait le tour de taille des patients. Aucun médecin généraliste
n’évaluait le niveau de cardiovasculaire global des patients avant
la mise sous traitement antihypertenseur.
En ce qui concerne les modalités thérapeutiques fréquemment
prescrites par les médecins, on retrouve les mesures hygiéno-
diététiques (MHD) seules dans 82.9%, la monothérapie seule
dans 70.7%, la bithérapie seule dans 14.6%, l’association
MHD-monothérapiedans53.7%etl’associationMHD-bithérapie
dans 14.6% des cas. Aucun médecin ne prescrivait la trithérapie
antihypertensive. Les classes pharmacologiques antihypertensives
prescrites étaient les inhibiteurs calciques (82.9%), les inhibiteurs
de l’enzyme de conversion (53.7%), les diurétiques (36.6%), les
bétabloquants (14.6%) et les antihypertenseurs centraux (7.3%).
Lors du suivi des hypertendus, les motifs pour lesquels les
généralistes référaient les patients aux cardiologues étaient la
non-maitrise des chiffres tensionnels (63.4%), l’apparition de
complications aigues (56.1%) et la référence systématique de tous
les cas d’HTA (36.6%).
Discussion
Ce travail nous a permis de décrire les connaissances, attitudes
et pratiques des médecins généralistes de la ville de Cotonou
sur la prise en charge de l’HTA. La prise en compte des
établissements sanitaires aussi bien publiques, confessionnels
que privés et le recrutement systématique de tous les médecins
généralistes y exerçant nous ont permis de réduire les biais de
sélection. Cependant, le choix non aléatoire de ces établissements
empêchera la généralisation de nos résultats à toute la ville de
Tableau 3. Proportion de médecins généralistes connaissant
chacun des examens composant bilan minimum de l’Organisation
Mondiale de la Santé à Cotonou (Bénin) en 2011
Examens paracliniques
Effectif
Pourcentage
Dans le sang
Glycémie à jeun
33
80.5
Créatinine
35
85.4
Potassium
23
56.1
Cholestérol (total, HDL)
37
90.2
Triglycérides
34
82.9
Acide urique
12
29.3
Hémoglobine/hématocrite
09
21.9
Dans les urines (bandelette urinaire)
Protéines, Hématies
03
07.3
Electrocardiogramme
33
80.5