Cardiovascular Journal of Africa: Vol 23 No 1 (February 2012) - page 62

CARDIOVASCULAR JOURNAL OF AFRICA • Vol 23, No 1, February 2012
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AFRICA
plus élevée chez les patients ayant une pression pulsée élevée.
Il en était de même pour la baisse de la fraction d’éjection du
ventricule gauche (56.8 vs 43.2%,
p
=
0.006) et du pourcentage
de raccourcissement (58.1 vs 41.9%,
p
<
0.001).
Quant aux épaisseurs des parois du ventricule gauche, nous
avons observé une hypertrophie du septum interventriculaire
statistiquement significative chez les patients à pression pulsée
élevée (64.2 vs 35.8%,
p
=
0.021), et une différence à la limite
de la significativité pour l’hypertrophie de la paroi postérieure du
ventricule gauche (58.3 vs 42.7%,
p
=
0.05).
Dans notre population d’étude, seuls 23 patients (3.6%) ont
présenté une insuffisance rénale. Chez ces derniers, 39.1% ont
eu une pression pulsée élevée, contre 60.9%. La différence n’a
pas été significative (
p
=
0.16). L’accident vasculaire cérébral a
été retrouvé chez 55.2 % des patients ayant une pression pulsée
élevée contre 44.8% avec une pression pulsée normale. La diffé-
rence n’était pas significative (
p
=
0.46).
Discussion
Ces dernières années, la plupart des études de cohorte ont prouvé
que la pression pulsée est un facteur prédictif de mortalité et
de morbidité cardiovasculaires dans l’hypertension artérielle.
Mais peu d’études de prévalence de cette pression pulsée ont été
retrouvées dans la littérature. Nous avons trouvé dans notre série,
quoique d’effectif plus faible, une prévalence de 60%. Cette
prévalence qui parait élevée corrobore la prévalence globale de
61.7% de l’hypertension artérielle en consultation externe de
l’Institut de cardiologie d’Abidjan.
5
D’autres auteurs ont trouvé des prévalences divergentes à
savoir 58% pour Asmar,
6
et 18.8% pour Giovanne de Simonne.
7
Ce taux élevée de la pression pulsée chez l’hypertendu noir
africain mérite une attention particulière de la part des cliniciens,
en tenant compte en plus des pressions artérielles systoliques et
diastoliques de cette dernière valeur dans la thérapeutique anti-
hypertensive.
L’augmentation de la pression pulsée est une forme
d’hypertension artérielle due à la rigidité de l’aorte et des autres
gros troncs artériels. Cette rigidité artérielle étant la conséquence
majeure des modifications structurales de la paroi de l’artère.
Elle est pour la plupart des auteurs due au vieillissement.
Néanmoins dans un contexte d’hypertension d’autres facteurs,
notamment les facteurs de risque cardiovásculaires peuvent
s’avérer co-responsables des modifications structurales et fonc-
tionnelles de la paroi artérielle.
Ainsi dans notre série l’élévation de la pression pulsée a eu
une prédilection particulière pour le sexe féminin. En effet la
prédominance féminine observée parmi nos patients à pression
pulsée élevée était statistiquement significative (60 vs 40%).
Cette prédominance féminine était aussi observée par Safar.
8
Asmar
6
par contre n’avaient pas trouvé de relation directe entre
pression pulsée et sexe. De même la pression pulsée élevée chez
l’hypertendu noir africain comme dans la littérature générale
était corrélée à l’âge.
7-9
Le diabète sucré et l’élévation de la pression pulsée sont
reconnus comme étant deux facteurs indépendants de risque
cardiovasculaires. Phylips et coll.
10
ont démontré que la pression
pulsée augmentait progressivement en fonction de la durée du
diabète de type 1 et ce, indépendamment de l’âge du patient.
Dans le diabète de type 2, Schram et coll.
11
ont mis en évidence
l’effet co-morbide du diabète et de l’âge, par augmentation de
la pression pulsée. Dans notre population d’étude, 76.7% des
diabétiques avaient une pression pulsée élevée contre 23.2%
ayant une pression pulsée normale.
Le diabète a été donc un facteur prédictif d’augmentation de
la pression pulsée chez nos patients. C’est dire l’importance de
la place qui doit être la sienne de la pression pulsée dans la prise
en charge des hypertendus diabétiques.
Cinquante cinq pour cent des tabagiques de notre série
avaient une pression pulsée élevée contre 45% à pression pulsée
normale. La différence n’était pas significative. Le tabac n’avait
donc pas constitué un facteur de risque d’élévation de la pression
pulsée chez nos patients. Cette non significativité a été observée
chez les obèses et les dyslipidémiques. Or il est prouvé que ces
trois facteurs favorisent la rigidité artérielle indépendamment
de l’âge.
12,13
Ces différences observées étaient certainement le
fait de la sous évaluation de ces facteurs chez nos patients. Il
est donc recommandé d’entreprendre des études prospectives
d’observation afin de pouvoir déterminer la corrélation exacte
entre pression pulsée élevée et ces derniers.
A l’inclusion, 60% de nos patients avaient une pression
pulsée élevée. Ce taux va baisser de 17.8% de l’inclusion à la
5ème consultation. Ainsi les 42.2% restant n’ont pas eu leur
pression pulsée contrôlée par le traitement. Quant à la moyenne
des pressions pulsées, elle est restée supérieure à 60 mmHg
durant tout le suivi. Cette persistance de la pression pulsée déjà
prouvée par d’autres auteurs confirme le mauvais contrôle de
celle ci chez l’hypertendu en traitement.
6
D’un point de vue thérapeutique, les traitements antihyper-
tenseurs n’ont pas tous la même efficacité sur la pression pulsée.
Mais d’une manière générale, les recommandations actuelles
dans le traitement de l’hypertension artérielle préconisent très
peu de stratégie quant à la prise en charge de la pression pulsée.
Ces insuffisances témoignent des difficultés qu’éprouve le clin-
icien dans la gestion de cette pression pulsée. Or, la pression
pulsée et la rigidité artérielle constituent deux cibles impor-
tantes des traitements antihypertenseurs, car leur rôle péjoratif
d’évènements cardiovasculaires est démontré.
Ainsi, afin d’assurer une protection efficace des organes
cibles, toute thérapeutique antihypertensive doit se montrer
efficace non seulement sur l’élévation des pressions artérielles
systolique et diastolique, mais aussi sur la rigidité des grosses
artères et donc sur la pression pulsée. Au cours de notre étude,
sous traitement antihypertenseurs, nous avons constaté une
baisse de la pression pulsée à des degrés divers selon le type
de traitement. La trithérapie est apparue plus efficace dans le
contrôle de cette dernière avec un taux de décroissance de 21.4%
de l’inclusion des patients à la 5ème consultation. Cette trithé-
rapie comportant systématiquement un diurétique. La bithérapie
venait en seconde position avec un taux global de régression de
11%. Quant à la monothérapie, son taux de régression de l’ordre
de 7% était faible.
Dans le sous groupe des patients traités par une bithérapie,
la bithérapie avec un diurétique est apparue plus efficace dans
la baisse de la pression pulsée avec un taux de réduction de
22% (19.2 mmHg) contre un taux de réduction de 11% chez les
patients en bithérapie sans diurétique (8.4 mmHg). Ainsi donc la
plurithérapie comportant un diurétique s’est avérée plus efficace
dans le contrôle la pression pulsée chez l’hypertendu noir afric-
ain. Cette baisse de la pression pulsée sous plurithérapie antihy-
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